Bassem Tamimi, 44 ans, coordinateur du comité populaire du village de Nabi Saleh et l’un des organisateurs des manifestations non-violentes hebdomadaires contre l’expropriation des terres du village, a été arrêté le 24 mars chez lui, en présence de ses enfants et de sa femme qui a été frappée par les soldats lorsqu’elle a essayé de s’interposer.
Cette arrestation a eu lieu sur la base d’un témoignage extorqué, le 23 mars, à un jeune de 14 ans. C’est devenu une procédure classique de l’armée israélienne, elle commence par terroriser le village et ses habitants, elle procède à des arrestations de jeunes adolescents, ensuite elle leur extorque des « aveux » sous la menace. C’est ce qui a été utilisé contre Abdallah Abu Rahma de Bil’In et tant d’autres dans les villages qui mènent la résistance populaire contre le mur, l’occupation et l’expropriation des terres.
Le jeudi 31 mars, Bassem Tamimi a été inculpé par la Cour militaire d’Ofer, il a été accusé d’organiser des manifestations non autorisées, d’inciter à jeter des pierres sur l’armée israélienne, de désobéir au devoir de répondre aux questions posées et de faire obstruction à la justice en donnant des conseils aux jeunes sur la façon d’agir pendant les interrogatoires s’ils sont arrêtés.
L’audience s’est déroulée en présence de diplomates d’Espagne, de France et de l’Union européenne, de sa famille, des personnes qui le soutiennent dont des intellectuels israéliens, notamment le romancier Yoram Kanyuk.
La prochaine audience aura lieu le 10 avril. Son avocat compte plaider contre son maintien en détention jusqu’au terme de la procédure juridique.
Car, pour les Palestiniens, cette procédure peut durer plusieurs mois.
De plus, il y a « un procès dans le procès » au sujet du témoignage exhorté à ce jeune de 14 ans. En effet, son interrogatoire viole les droits prévus dans la Convention relative aux droits de l’enfant mais également dans la loi israélienne pour les mineurs sur cinq points : l’interrogatoire a été mené le lendemain de son arrestation sans lui avoir permis de dormir ; il n’a eu droit à aucun conseiller juridique alors que son avocat était dans les locaux de la police ; il n’a pas pu bénéficier de la présence d’un parent pendant son interrogatoire ; il n’a pas été informé de son droit de rester silencieux ; seule une des quatre personnes qui l’interrogeaient était habilitée à le faire auprès d’un mineur.
Le contexte actuel est marqué par une répression toujours plus violente et fréquente exercée par les autorités israéliennes à l’encontre du mouvement palestinien de résistance non-violente, et ce dans l’indifférence totale de la communauté internationale et des médias.
Parfaitement informés de la situation sur le terrain et conscients de l’irrecevabilité des charges retenues contre Bassem Tamimi, nos gouvernements savent que le but des autorités israéliennes est de briser la résistance populaire non-violente en Palestine.
Le silence de nos gouvernements est inadmissible. Non seulement il est indigne de pays démocratiques mais surtout cette passivité généralisée conforte l’impunité d’Israël dans sa violation des droits humains et des droits nationaux du peuple palestinien.